L’Histoire de Pons
La ville de Pons est assise sur un promontoire rocheux qui domine la vallée de la Seugne. Dès le néolithique, les hommes vont occuper le site et tirer profit de sa situation géographique stratégique. Les Gaulois y établissent un oppidum (un des plus grands de l’Ouest français) avant l’arrivée de l’occupant romain. Ces derniers, vont durant trois siècles, vivre autour du castrum édifié. De cette époque, Pons garde l’origine de son nom. Car pour traverser la vallée marécageuse, les Romains utilisaient un système de ponts sur pilotis, les « pontes », terme qui finit par désigner le nom même du bourg. Et si Ponts s’écrit désormais Pons, ses habitants n’en sont pas moins restés les Pontois.
Dès le Xème siècle, Pons possède son château fort. Incluse dans le duché d’Aquitaine depuis 1152, la Saintonge se rebelle contre son suzerain en 1179. Le duc d’Aquitaine Richard (futur roi d’Angleterre) parvient alors à mater la révolte, détruisant le château. Geoffroy III, premier de la longue dynastie des Sires de Pons, se hâte à la reconstruction et le nouveau donjon est terminé en 1187. Poste frontière stratégique entre l’Aquitaine et le royaume de France pendant la guerre de Cent ans, Pons sauvegardera son patrimoine en passant opportunément de l’un à l’autre camp.
C’est à la fin du XIVème siècle, avec Renaud VI que la sirerie atteint son apogée suite à d’importantes extensions territoriales. De cette époque date cet adage, illustrant toutes la puissance des Sires de Pons : « Si roy de France ne puys, Sire de Pons voudrais être ». La guerre de Cent ans s’achève en 1453 et l’on assiste à un regain d’activités dans la Cité. Mais bientôt les guerres de Religion font rage et la cité, devenue place forte protestante, assiégée en 1621, se rend sans résistance. Et c’est ainsi que prit fin le rôle militaire de la sirerie tant convoitée.
Les illustres Pontois
Emile Combes
Né dans le Tarn en 1835. Il entre à 12 ans au séminaire de Castres. Son supérieur ne le jugeant pas apte à entrer dans les ordres, lui propose un poste d’enseignant dans un collège religieux à Pons. Il épouse une Pontoise, part à Paris faire des études de médecine et revient à Pons y exercer sa profession. De là, il s’implique dans la vie politique. Il sera maire de Pons durant 42 ans. Ainsi que conseiller général, vice-président du Sénat, ministre de la Marine, ministre de l’Enseignement Public et des Cultes et enfin Président du Conseil (c’est-à-dire premier ministre entre 1902 et 1905). Défenseur de la laïcité, il est à l’origine et artisan majeur de la loi dite de « Séparation des Eglises et de l’Etat » qui sera votée en 1905. Cette laïcisation de l’enseignement provoqua de nombreux remous. Cela explique qu’en 1928, à Pons, l’inauguration du monument à la mémoire du Petit Père Combes décédé depuis 1921, fut le prétexte à de violents affrontements entre ses adversaires et partisans. Emile Combes et sa famille reposent au vieux cimetière Saint Martin de Pons.
Le monument « Emile Combes » : Réalisé par Paul Landowski, inauguré le 6 octobre 1928 devant un parterre d’hommes politiques de la IIIe République. L’annonce de cette cérémonie avait provoqué à Paris comme en Province, dans la presse de droite comme dans les gazettes religieuses un déferlement de haine comparable aux années 1904. L’inauguration fut marquée par des incidents très graves dont la mort d’un jeune manifestant d’extrême droite. Depuis, le temps a fait son œuvre, les passions se sont tues et Emile Combes est entré dans l’Histoire…
Théodore Agrippa d’Aubigné
Théodore Agrippa d’Aubigné, naît en 1552 au Raguideaux, petit hameau situé en périphérie de Pons en plein expansionnisme des idées calvinistes. Son père engagé auprès des réformés, est juge ordinaire à la Châtellenie de Pons. Âgé de neuf ans seulement, Agrippa d’Aubigné parle déjà le grec, le latin, l’hébreu. Très jeune, il est témoin du martyre des suppliciés d’Amboise et, après des études à Genève et Lyon, entre à quinze ans dans les troupes protestantes et fait partie des assiégeants de la ville défendue par le seigneur Antoine de nouveau reconverti au culte catholique et qui capitule en 1567. Trois ans plus tard, avec quelques 20 compagnons d’armes, il va s’emparer de Pons, grâce à la ruse et complicité des huguenots de la ville affirmant qu’il est suivi de toute une armée qui mettra la ville à sac si on ne lui ouvre pas les portes.
L’homme de guerre débute en poésie influencé par la poétique de la Pléiade et compose « Le Printemps », qui lui est inspiré par Diane Salvati, nièce de la Cassandre de Ronsard.
Sur le champ de bataille de Casteljaloux, en 1577, il commence la rédaction des « Tragiques », son chef-d’œuvre, violent réquisitoire contre les persécutions subies par les protestants. Grand prosateur, d’Aubigné a publié une ample « Histoire universelle » (1619-1620) et de nombreux pamphlets, notamment « Les Aventures du baron de Fæneste ».
Son œuvre, débordante, est à l’image de sa vie, s’élançant dans toutes les directions et avec à son service une érudition prodigieuse. Elle offre une des meilleures images du brûlant XVIe siècle.
D’Aubigné se retire ensuite sur ses terres, puis se réfugie à Genève où il meurt le 9 mai 1630.
Barthélémy Gautier
Né à Pons, où ses parents, protestants, étaient tanneurs, il est placé en internat à 12 ans dans un collège laïc de Saintes. En 1861, il en sort après de bonnes études, ayant développé un goût inné pour le dessin. Il réside à Pons jusqu’en 1880, en continuant ses sorties campagnardes, et cueillant quelques silhouettes impitoyables, enregistrant en même temps les expressions et tournures saintongeaises savoureuses. Il est publié par l’imprimeur local, Noël Texier en 1874 dans un hebdomadaire pontois, qui lui vaudra les félicitations du directeur parisien du célèbre journal Charivari, Pierre Véron. Le 26 décembre 1875, paraît un album de 26 croquis (imprimé par Noël Texier, édité par Fleury), intitulé : Les Gens de Mazerolles peintes par l’un deux ; succès sans précédent. À partir de janvier 1876, les Croquis saintongeais confirment son talent. Une centaine est publiée en 3 ans sous le titre Saintongeoisiana. Dans tous ces dessins, il fait parler les gens et traduit leurs comportements par des croquis incisifs; rien ne lui échappe !
Il se marie à Pons, le 10 mars 1877 avec la Pontoise Léonie Fontaine et, encouragé par ses succès en Saintonge et à Bordeaux, il part s’installer à Vincennes. À partir de 1877, un de ses dessins humoristiques illustre chaque semaine La Gazette des bains de mer de Royan sur l’océan; il y déploie toute sa verve piquante, opposant les élégances citadines aux silhouettes rustiques des Charentais égarés dans ces milieux. La station étant de plus en plus fréquentée par des personnages célèbres de la politique, de la littérature et de la scène, le dessinateur est ainsi apprécié jusqu’à Paris.
À Paris, où il réside désormais, il poursuit une réussite facilitée par son amitié avec Alfred Grévin, collaborateur des journaux Le Gaulois, La Vie parisienne, Le Journal amusant, Le Petit journal pour rire (en couleurs). Il devient pendant une dizaine d’années l’intarissable caricaturiste toujours en veine de découverte. Les sessions électorales de la IIIe République sont pour lui d’incomparables ressources. Il se déclare contre le régime, contre le fisc, contre les révolutionnaires, contre les parlementaires ; il tourne également en dérision les juges, les curés, les bourgeois et les Parisiens ; son parler est fortement patoisant. Pendant un de ses séjours de détente à Pons, il est terrassé par une pneumonie fulgurante, à l’âge de 46 ans.
Pierre Dugua
Pierre Dugua, Sieur de Mons, est royannais d’origine. Il est cofondateur de Québec en 1608 avec Samuel Champlain, originaire de Brouage. Plusieurs expériences de colonisation avaient déjà été tentées. Mais l’aventure de la Nouvelle France séduisait Pierre Dugua. Dès 1598, il revendit quelques unes de ses terres et part pour Tadoussac. Puis de retour en 1603, il présenta son projet de colonisation au roi qui le nomme lieutenant général. Il fit équiper deux vaisseaux sur lesquels embarqua entre autre Samuel Champlain, cartographe Saintongeais en 1604. La menace de la perte du commerce des fourrures dont il obtint le monopole, le contraignit à revenir et à séjourner en France. En 1608, un équipage repartit avec Champlain comme chef d’expédition et Québec fut fondé à leur arrivée. Champlain rendit compte de sa mission à Dugua. La fin du monopole sur les fourrures obligea Dugua à dissoudre sa société qui dut racheter l’habitation de Québec pour en assurer la survie. En 1610, il devint gouverneur de la ville de Pons. Il renoncera à son poste de lieutenant général en 1611. Il se retira à Fléac au château d’Ardennes en 1618, il y mourut et y fut enterré en 1628.